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RÉDAC
Dossier spécial / Femmes avocates : égalité et sororité
tout petit enfant, aussi merveilleux qu’éphémère, ne repasse plus. C’est la
marque de la confraternité et de l’humanité de permettre à chacun et chacune de le vivre pleinement et en paix, parenthèse essentielle dans une vie
professionnelle aussi riche et passionnante qu’elle soit.
Mais même si la profession parvenait à amortir complètement l’impact de
l’arrivée de l’enfant sur la vie professionnelle, la parentalité n’est pas réductible à cette poignée de semaines octroyées à la naissance. Il appartient
à chacun d’inventer des modalités d’articulation au long cours, car lorsqu’on
le souhaite, l’exercice libéral permet, comme son intitulé l’indique, une
grande liberté d’organisation. Il y a ceux qui sanctuarisent une demi-journée dans la semaine pour partager une activité, ceux dont l’adresse professionnelle est fonction de celle de l’école, ceux qui déjeunent à 11h30, ceux
qui ont les yeux rivés sur l’ENT [1] et rentrent chez eux précipitamment lorsqu’il faut réviser un contrôle de physique chimie ou d’histoire, ceux qui font
cabinet buissonnier pour passer du temps en famille, ceux qui impriment
des coloriages au cabinet où ils conservent une grande boite de feutres pour
les journées grèves des professeurs, ceux qui prennent toutes les vacances
scolaires ou ceux qui sont de toutes les sorties scolaires. Chacun invente sa
conciliation, qui harmonieusement, qui dans l’épuisement. Et bien souvent,
si elle n’apparait pas possible, elle conduit à des départs de la profession et
à l’augmentation de son taux d’attrition. Au-delà des renoncements individuels, c’est une perte professionnelle pour l’ensemble des barreaux qui ne
peuvent se satisfaire de la situation.
L’articulation de vie professionnelle avec la parentalité, et plus largement
avec la vie personnelle, doit demeurer au centre de l’attention des institutions
professionnelles et ne pas être ignorée au motif qu’elle relèverait de la sphère
privée. Il en va autant de l’attractivité de la profession que d’un impératif
d’égalité et de vivre bien. Car nul n’ignore plus que « le privé est politique ».
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Valence Borgia
Associée, Avocate aux Barreaux
de Paris et New York
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[1] Espace Numérique
de Travail.