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Genre et discriminations dans la profession d'avocat
Mots-clés : avocat • inclusion • discrimination directe-indirecte-systémique • genre
• sexe • égalité • déontologie • harcèlement sexuel • responsabilité sociale des entreprises • barreau
Les discriminations fondées sur le genre dans les cabinets d’avocats perdurent même si le principe de non-discrimination est désormais un des principes essentiels de
la profession. Elles sont soit de nature directe, indirecte
ou parfois systémique, autrement dit une combinaison
des deux. Les instances professionnelles, entre
Les femmes
autres, veillent à développer des actions pour
faciliter l’inclusion et la lutte contre le harcèlement représentent
sexuel et sexiste. Les associations d’entreprises environ 57 %
clientes peuvent aussi contribuer de l’extérieur
en exigeant la parité dans le nombre des asso- de l’ensemble
ciés comme levier de négociation contractuelle des avocats
notamment avec les cabinets d’affaires.
Fin de l’adage, « robe sur robe ne vaut » : la première femme avocate a prêté
serment en 1900. Désormais on relève une forte présence de femmes avocates
en France. Selon les derniers chi昀昀res publiés par la Chancellerie au 1er janvier
2020 et l’Observatoire de la profession d’avocat du Conseil national des barreaux, les femmes représentent environ 57 % de l’ensemble des avocats. Cette
proportion varie d’un barreau à l’autre. Parmi les onze plus grands barreaux,
elle atteint un maximum à Bordeaux avec 61,8 % et à Toulouse, 61,2 %, 54,2 %
à Paris, et un minimum devant le barreau de Nice avec 52,6 %. Le nombre de
femmes est supérieur à celui des hommes dans cent quarante-huit barreaux,
soit 90 % d’entre eux. Selon le Conseil national des barreaux, elle représente
les deux tiers des entrées dans le métier qui rajeunit et qui se caractérise par
un exercice parfois complexe, à 96 % en libéral [1]. Donc cette féminisation,
encore en progression d’une profession libérale, devrait sans doute inciter
à une ré昀氀exion centrale sur les enjeux spécifiques de l’égalité entre femmes
et hommes dans ce contexte.
C’est, assez tardivement, en 2015 que le Conseil national des barreaux décide
la création d’une commission Égalité qui, depuis, engage une ré昀氀exion plus
forte sur les moyens de lutter plus efficacement en matière de discrimina-
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[1] Concernant le mode
d’exercice, en 2020, 36 %
exercent à titre individuel,
31 % en qualité d’associé,
29 % en qualité de collaborateur et 4 % en qualité de
salarié. La situation diffère
à Paris où la proportion de
collaborateurs arrive en
tête avec 40 %, contre 31 %
d’exercice à titre individuel,
28 % en qualité d’associé
et 1 % en qualité de salarié ;
L. Garnerie, Avocats : une
profession attractive, féminine… et parisienne, in Gazette du Palais, 6 mai 2022.