LEXMAG Numéro 01 VF 28.03.24 PAGES HD - Flipbook - Page 10
RÉDAC
Dossier spécial / Femmes avocates : égalité et sororité
pas augmenter en proportion. La raison à cela : la peur des représailles
causées par une dénonciation dans un milieu aussi petit. Conséquence :
les avocates se taisent et sont plus nombreuses à abandonner la robe
que leurs homologues masculins.
Le stéréotype
de « l’hystérique »
a la peau dure, et
les avocates sont
incitées à adopter
des positions
modérées
Malgré ce triste panorama et la nécessité de penser collectivement des solutions pour y remédier, la profession semble
demeurer hostile aux idées féministes. Le stéréotype de
« l’hystérique » a la peau dure, et les avocates sont incitées à adopter des positions modérées, mais qu’est-ce que
la modération lorsqu’il s’agit d’égalité ? En 2022, l’Ordre du
Barreau de Strasbourg se prononçait contre la féminisation des termes « avocat » et « Bâtonnier » (« Avocate,
Bâtonnière », la féminisation des noms coincée à Strasbourg », Les nouvelles news). Heureusement, le RIN intégrait la même année la féminisation des termes … J’ai alors
pensé que ce débat, qui me semble d’un autre âge sur la
féminisation des titres serait clos. Mais non, empiriquement, je constate
que l’on s’adresse majoritairement à mes collaboratrices et moi en utilisant « Cher Confrère ».
Pourquoi une telle réticence ? Nos principes d’universalisme, d’égalité
doivent s’imposer à nous, les auxiliaires de justice. Pourtant, cette ambition ne peut être que chimérique dans une société patriarcale, dans
laquelle les femmes subissent des discriminations systémiques et font
face à des contraintes di昀昀érentes de celles des hommes. C’est donc à la
profession qu’il revient de s’adapter pour créer les conditions propres
à une égalité entre les genres.
Comment faire évoluer les choses ?
La référence timide à des termes
féminisés dans le RIN ne saurait suffire. Les avocat.e.s doivent
s’e昀昀orcer de s’appliquer à euxmêmes les principes d’égalité et de non-discrimination qu’ils
défendent pour leurs client.e.s. Je suis convaincue que c’est par la
pratique qu’une langue évolue, et par extension les mœurs qui y sont
attachées. Cela commence donc par un geste simple, l’usage des
formules appropriées et respectueuses pour s’adresser aux avocates.
Ainsi, exit les « Cher confrère », « Madame et Cher confrère, ou
[...] c’est par la pratique
qu’une langue évolue, et
par extension les mœurs
qui y sont attachées
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