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Appelez-les o昀케ciellement Mesdames les bâtonnières !
756 francs. L’achat a beau remonter à près de quarante
ans maintenant, Christiane Féral-Schuhl se souvient
parfaitement du prix de sa première plaque. « C’était
cher, sourit l’ancienne Bâtonnière de Paris, présidente
du Conseil national des barreaux de 2018 à 2020. Mais
surtout, c’était interdit… » Et l’avocate de développer :
« J’avais choisi de m’installer avec trois copines. Elles
étaient plus engagées et plus féministes que moi. Et elles
m’avaient mise en minorité. La plaque a昀케chait donc
“Avocates à la cour” et non pas “Avocats à la cour”… »
Aujourd’hui, cette forfanterie publicitaire ne poserait
plus aucun problème.
Le 6 février 2023, le Journal officiel a en e昀昀et publié la décision prise, en Assemblée générale, le 9 décembre 2022, par le Conseil national des barreaux
(CNB) concernant la féminisation des noms d’avocat(e), Bâtonnier(e) et
vice-Bâtonnier(e). Il n’est désormais plus interdit de deman« Quand j’ai vu cette question,
der à se faire appeler « Bâtonnière » plutôt que « Bâtonnier »
lorsqu’on est une femme. La disposition a été officiellement j’ai été sidérée [...] Quoi ?!
inscrite dans l’article préliminaire du RIN, le Règlement Ce n’est pas encore réglé,
intérieur national qui régit la profession des robes noires.
cette histoire ? » Non, ce
n’était pas encore réglé.
« Quand j’ai vu cette question, j’ai été sidérée, réagit Julie
Couturier, l’actuelle Bâtonnière de Paris. Quoi ?! Ce n’est pas
encore réglé, cette histoire ? » Non, ce n’était pas encore réglé. Ça l’est désormais. Même si la polémique reste vive sur le sujet. Voyez plutôt : sur les barreaux consultés par le CNB avant l’adoption de la mesure, trente-trois ont
émis un avis favorable, quatre ont soumis des observations quand quinze ont
émis un avis défavorable ! À l’heure de #MeToo, à l’heure du « On se lève et on
se casse » d’Adèle Haenel aux César, à l’heure des audiences télé records des
joueuses de l’équipe de France de football, à l’heure où la France s’est réjouie
qu’une femme s’installe durablement à Matignon, certains ont encore du mal
à trouver ça normal qu’une femme veuille se faire appeler « avocate » plutôt
« qu’avocat »…
« Oui, on a pris acte de cette décision, commente ainsi sobrement Évelyne
Duchesne, Bâtonnière d’Alençon, représentant trente-sept avocats dans
l’Orne. Chacun fait ce qu’il veut. Mais je trouve qu’il y a d’autres combats
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